Convaincu par la mesure d’impact en ayant constaté les bénéfices chez les porteurs de projet qu’ils soutiennent, le Groupe Apicil a décidé de se lancer dans une évaluation d’impact direct de ses actions. Alexandra Caringi, Directrice de l’Action Sociale Santé Prévoyance, revient avec nous sur cette démarche encore inédite pour un groupe de protection sociale.
Pouvez-vous nous présenter votre organisation et sur quoi a porté votre mesure d'impact ?
Je dirige l'Action sociale santé prévoyance du Groupe Apicil. Nous avons deux missions principales. D'une part, nous apportons un soutien individuel à nos assurés lorsqu'ils traversent des périodes difficiles. Cela peut inclure l'aide au financement de soins, de frais médicaux ou encore l'adaptation de leur domicile en cas de perte d'autonomie ou de handicap, que ce soit pour eux-mêmes ou pour un membre de leur famille.
En parallèle, notre deuxième objectif est de soutenir des projets ayant un impact plus large pour le Bien Commun. Par exemple, nous finançons des projets d'acquisition d'équipements médicaux innovants ou d'adaptation et de rénovation d'infrastructures, tels que des espaces d'accueil ou des services médicaux. L'idée est de contribuer à des projets qui améliorent l'accès aux soins des plus vulnérables et de leur permettre de mieux s'épanouir dans leur environnement.
Ce sont des sujets très larges, toujours autour de nos axes prioritaires que sont la santé et la maladie, le handicap, et les actions de solidarité.
Avec la mesure d’impact, nous souhaitions prendre le pouls, mesurer l’impact de façon 360, à la fois auprès de nos assurés et des porteurs de projet que nous soutenons.
Quel était votre niveau de connaissance et de pratique en mesure d'impact avant de vous lancer ?
Nous avions déjà un 1er vernis de connaissance puisque nous avions été formés par Impact Track à la mesure d’impact, mais en tant que fonction support. En 2022, nous avions choisi d'accompagner des porteurs de projets que nous soutenions financièrement en tant que mécène. Nous avons pris en charge le coût de la formation et de la plateforme de mesure d'impact pour qu'ils puissent valoriser leur dispositif et mieux communiquer. Nous avons soutenu ainsi 6 entités entre 2022 et 2023.
L’équipe managériale de l'action sociale, les chargés de projet, les chargés d'études qui interviennent auprès des porteurs de projets se sont formés pour bien comprendre la démarche et le cheminement. Nous connaissions le déroulé de la démarche et sa finalité avec la page d’impact.
Quel a été le déclic pour vous lancer dans une démarche de mesure d’impact social directe de vos actions ?
Le véritable déclic est venu lorsque nous avons découvert les résultats des mesures d'impact réalisées chez nos partenaires. En échangeant avec eux, certains ont partagé que cette démarche avait réellement changé leur façon de voir les choses, et cela a eu un impact concret au sein de leurs équipes. La mesure d'impact a été intégrée dans les réunions managériales et les discussions en équipe, modifiant même leur vocabulaire et leur approche. Nous avons ressenti un changement positif chez les porteurs de projets que nous accompagnions, ce qui m'a rapidement fait réaliser qu'il serait bénéfique d'adopter cette démarche à l'échelle de notre direction de l'Action Sociale. Jusqu'à présent, nous n’avions jamais mesuré l'impact de nos actions de cette manière.
Cela nous a également permis de dépasser la simple dimension financière. En général, l’activité d’un service d’action sociale dans un groupe de protection sociale se résume à un soutien financier, que ce soit pour nos assurés ou pour des projets via des mécénats. Mais en réalité, l’action sociale va bien au-delà du financement, au travers des conseils et de la construction des projets.
J’avais aussi besoin de rendre nos impacts plus concrets en nous appuyant sur d'autres types d'indicateurs. Il était important de valoriser tout le travail accompli par l'équipe, que ce soit pour nos assurés ou pour les porteurs de projets que nous accompagnons.
Comment vous êtes-vous organisés autour de ce projet ?
Dès le départ, en lançant la mesure d'impact au sein de notre direction, nous savions que notre rapport annuel devait être publié en mars-avril de l'année suivante. Ce livrable a donc dicté l'organisation des travaux préparatoires. Nous nous étions fixé un délai, de septembre à fin février, pour concevoir et réaliser la mesure d'impact.
J'ai rapidement désigné une responsable du pilotage au sein de ma direction. Elle était initialement chargée du pilotage budgétaire, notamment sur le suivi des aides financières que nous attribuons. J’ai voulu qu’elle élargisse ses compétences et prenne en charge la gestion de la mesure d'impact, afin de dépasser le simple suivi budgétaire et de s'impliquer dans d'autres aspects de nos actions.
Pour nous aider, nous avons fait appel à une junior entreprise de l'université Lyon 3. Les étudiants ont été essentiels pour absorber la charge de travail liée aux appels, aux relances et aux prises de contact, afin de garantir une représentation statistique significative.
Quels enseignements tirez-vous de vos premiers résultats de mesure d’impact ?
Les résultats ont été très positifs, confirmant largement nos intuitions, et allant même au-delà de nos attentes. Le premier point marquant, avant même d’aborder les résultats de la mesure d’impact, a été le taux de participation. Nous avons reçu un grand nombre de réponses de la part de nos assurés, malgré la période des fêtes qui n’est pas propice à la collecte de données. Cela nous a vraiment rassurés, car cela prouve que nous avons su tisser un lien fort avec nos assurés et adhérents. Même constat avec les porteurs de projet où nous avons eu aussi d’excellents résultats.
Du côté des résultats, plus de 60 % des assurés [qui ont bénéficié d’une aide en santé, ndlr] nous ont indiqué que, sans notre aide financière, ils auraient dû renoncer ou reporter des soins médicaux qu'ils ne pouvaient pas se permettre. Cela révèle un véritable risque pour leur santé, car retarder ou renoncer à des soins peut clairement aggraver leur état. Cette mesure d’impact est donc particulièrement précieuse, car elle nous permet de mieux comprendre ces situations critiques. Cela nous donne aussi des arguments solides pour nos équipes commerciales, afin qu’elles ne perçoivent pas seulement l’action sociale comme un simple apport financier, mais comme un véritable accompagnement global des assurés.
Du côté des porteurs de projets, nous avons par exemple découvert que le fait que notre service d’action sociale étudie un dossier et que nos administrateurs valident un financement agit comme une sorte de « label de confiance ». Cela rassure les autres mécènes.
Ces résultats sont extrêmement parlants et faciles à partager, que ce soit avec nos collègues, le comité de direction, les équipes commerciales ou même nos clients. Ils montrent que notre action génère un impact significatif à plusieurs niveaux. C'est un discours simple, mais percutant, qui résonne avec tous nos interlocuteurs.
Cela a-t-il soulevé de nouveaux objectifs pour la suite ?
La mesure d’impact nous a permis de revoir nos objectifs en termes de volumétrie pour augmenter notre impact auprès de nos assurés. Nous devons intensifier nos aides et multiplier les opportunités de soutien. Il est crucial de rendre notre action encore plus visible et accessible.
Au-delà des chiffres, les retours qualitatifs que nous avons eus à travers les témoignages, nous ont permis de repenser notre manière d’intervenir. Pour 2025, nous envisageons de réviser ce catalogue afin de mieux répondre aux besoins identifiés. Certains assurés nous ont fait savoir qu'ils avaient sollicité des aides spécifiques qui n’étaient pas éligibles, ou qu'ils pensaient à tort que nous ne pouvions pas intervenir. Cela nous a amenés à réfléchir à de nouvelles formes de soutien social à mettre en place, afin d’accompagner nos assurés de manière encore plus efficace et inclusive.
Nos objectifs sont donc clairs : intensifier nos aides, réviser notre catalogue d’offres et élargir nos actions pour toucher un plus grand nombre de bénéficiaires.
Comment avez-vous communiqué autour de votre mesure d'impact ?
Nous avons commencé par partager les résultats en interne, avec l’équipe et nos administrateurs, pour qu’ils s’approprient les données avant de discuter des améliorations à apporter. Ces échanges ont d'ailleurs rapidement mené à la création d'ateliers pour discuter des points à optimiser.
Ensuite, juste avant l’été, nous avons publié notre rapport annuel, dans lequel nous avons intégré certains éléments de la mesure d’impact. Dans les semaines suivantes, nous avons mis en place une sorte de chronique sur LinkedIn où nous publiions chaque semaine un chiffre clé. Nous alternions entre l’impact sur les assurés et l’impact sociétal, afin de maintenir une certaine récurrence et de valoriser notre démarche de mesure d'impact. Nous avons également souligné le fait que nous étions le premier groupe de protection sociale à évaluer l'impact d’un service social interne, ce qui nous a permis de générer de l'engagement et de l'intérêt.
Cette démarche a eu un écho favorable, notamment auprès des équipes commerciales, qui ont partagé ces résultats avec leurs clients. Cela leur a fourni des éléments de discours simples et faciles à réutiliser. Nous en sommes vraiment satisfaits.
Avez-vous un conseil pour les organisations qui hésitent à se lancer dans une démarche de mesure d’impact directe ?
Le principal conseil que je donnerais serait de prévoir une ressource dédiée à la mesure d’impact, ou du moins quelqu’un qui en soit le responsable et qui puisse la coordonner. Il ne faut surtout pas la traiter comme un dossier secondaire, mais bien comme un projet à part entière. Ce type de démarche prend plusieurs mois et nécessite un suivi rigoureux, de la créativité, du temps de réflexion, et la collaboration de plusieurs personnes.
Je dirais que la mesure d’impact est une véritable plus-value, tant pour les porteurs de projet que pour l’équipe elle-même. Elle apporte du sens et favorise la prise de conscience. Par exemple, dans mon cas, j’ai des collaborateurs qui travaillent dans le service social depuis 25 ans. Dans le milieu associatif, il y a parfois des bénévoles ou des personnes très investies qui, par habitude, répètent les mêmes projets. La mesure d’impact leur a offert une bouffée d’oxygène, un recul nécessaire. Cela permet de prendre conscience des impacts positifs, souvent invisibles au départ.
Cette démarche permet d’avoir une vision complète de l’activité, de ses impacts, et d’envisager des ajustements. J’ai aussi vu des porteurs de projets qui, lors d’assemblées générales, prenaient le temps de partager les résultats de leur mesure d’impact avec leurs partenaires. C’est un moment qui leur tient à cœur, car ils peuvent démontrer la valeur de leur mission, confortés par des données concrètes. On se rend compte que cette démarche amène beaucoup plus de bénéfices que prévu et permet de réfléchir à de nouvelles manières de faire.
Pour aller plus loin
👉 Découvrez la mesure d'impact auprès des assurés !
👉 Découvrez la mesure d'impact auprès des projets soutenus
👉 Lisez notre précédent article de notre série #PartageTonImpact sur Kabubu
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