Mon Récap est un projet porté par la Plateforme de l’Inclusion, un service de l’Etat qui développe des solutions numériques visant à faciliter la vie des personnes éloignées de l'emploi et de celles et ceux qui les accompagnent. Mon Récap et Le Marché de l’Inclusion, autre service porté par la Plateforme de l’Inclusion, ont bénéficié d’un accompagnement à la mise en place d’une mesure d’impact social. Retour avec Annaelle Garcia, Cheffe de produit « Mon Récap », sur cette démarche qui visait à prouver l’utilité du projet pour assurer sa pérennité et envisager son déploiement.
Pouvez-vous nous présenter le projet ?
Mon Récap, c’est un produit développé par la Plateforme de l’inclusion, un groupement d’intérêt public dédié à créer des solutions qui simplifient la vie des personnes éloignées de l’emploi et de celles et ceux qui les soutiennent.
Ce projet est né d’un constat clair : 60 % des personnes en situation de précarité rencontrent des obstacles dans leurs démarches administratives. Mon Récap propose une solution pratique pour simplifier et structurer ces étapes clés.
Il s’agit d’un carnet papier conçu pour faciliter les parcours d’insertion. Il aide les usagers à mieux organiser leur cheminement, à gagner en confiance et en autonomie, et donc favorise l’accès aux droits et la levée des freins sociaux.
Quel a été le déclic pour vous lancer dans une démarche mesure d’impact social ?
Notre modèle est assez particulier, car les utilisateurs finaux de notre produit ne sont pas ceux qui passent commande. Ce sont en réalité les professionnels de l’insertion qui commandent le produit pour les usagers qu’ils accompagnent (France Travail, mission locale, associations…ndlr).
Quand on a lancé le produit, cela faisait déjà un an que nous avions des indicateurs d’impact du côté des professionnels. En revanche, nous n’avions aucune donnée précise sur l’impact auprès des usagers. Certes, nos échanges avec les usagers et les professionnels nous donnaient de solides intuitions, mais cela ne suffisait pas pour nos financeurs.
Nous avions besoin de mieux comprendre et d’objectiver l’impact de notre produit pour assurer la continuité de notre financement, tout en approfondissant notre connaissance de son utilité réelle.
Vous avez pris un engagement fort à ce sujet…
En mars, lors d’un comité d’investissement, nous avons rencontré nos financeurs pour leur présenter notre démarche de mesure d’impact. Nous leur avons expliqué que, selon les résultats, trois scénarios étaient possibles : soit nous arrêterions le produit s’il n’apportait pas l’impact attendu, soit nous l’améliorerons en nous basant sur ce que nous aurions appris, soit nous poursuivrions son développement à plus grande échelle si les résultats étaient concluants.
La Plateforme de l’inclusion étant financée par des fonds publics, il était crucial que ces financements soient utilisés pour des projets ayant un réel impact. Cela faisait déjà neuf mois que nous étions en phase d’investigation.
Nous étions clairs sur le fait que, si les résultats montraient un manque d’impact, nous aurions nous-mêmes pris la décision d’arrêter le projet. Le but n’a jamais été de continuer un produit sans utilité réelle.
Comment vous êtes-vous organisés autour de ce projet ?
Nous avons lancé le projet en collaboration avec un autre produit de la Plateforme de l’inclusion, ce qui nous a permis d’organiser des ateliers collectifs en réunissant toute l’équipe. Cela a été une priorité centrale pendant les six mois de cette phase, et nous y avons consacré beaucoup de temps pour avancer rapidement.
Le projet a débuté en janvier, avec pour objectif de présenter les premiers éléments dès mars et de disposer des résultats complets de la mesure d’impact en juillet. Ce timing serré a été respecté, notamment grâce à l’appui de l’équipe d’Impact Track et à une planification rigoureuse des étapes clés de la mesure d’impact.
La réflexion sur la théorie du changement a été un moment essentiel, car elle nous a permis de nous poser des questions fondamentales sur le produit. La collecte des données, quant à elle, a représenté un vrai défi. Cela nous a demandé beaucoup de temps et d’énergie pour obtenir un nombre suffisant de réponses, cruciales pour que les résultats soient significatifs.
Une des principales difficultés venait de notre modèle : nous connaissions uniquement les professionnels qui distribuaient le produit, et non directement les usagers finaux. Nous avons donc conçu un questionnaire que les professionnels devaient transmettre à leurs usagers. Initialement envoyé par mail, le taux de réponse s’est révélé insuffisant. Nous avons alors opté pour une stratégie de phoning, contactant directement les professionnels pour les inciter à faire répondre leurs usagers.
Un point intéressant est que nous avons traduit le questionnaire en trois langues — français, arabe et anglais — pour le rendre accessible à un plus large public. De plus, nous avons bénéficié d’une aide précieuse pour formuler les questions de manière claire et accessible, afin de garantir une bonne compréhension par tous.
Quels enseignements tirez-vous de vos premiers résultats de mesure d’impact ?
Avant même d’obtenir les résultats, cette démarche de mesure d’impact nous a permis de repenser la manière de présenter le projet. Désormais, lorsque nous pitchons, nous mettons directement en avant la théorie du changement, qui structure notre vision et notre approche.
Sur le plan de la mesure d’impact, cela nous a permis de valider concrètement l’intérêt et l’utilité du produit auprès des utilisateurs finaux. Nous nous étions fixés des objectifs clairs pour pouvoir prendre une décision forte concernant le produit. Grâce aux résultats très positifs obtenus, nous avons choisi de passer à une phase de déploiement à plus grande échelle.
La présentation des résultats et de toute la méthodologie utilisée a été extrêmement bien accueillie par nos financeurs, qui ont salué notre rigueur. Cela nous a permis de renforcer notre légitimité dans la présentation de ces données et de consolider la confiance qu’ils nous accordent.
Par ailleurs, cette mesure d’impact nous a énormément appris sur nos utilisateurs. Nous comprenons désormais mieux leurs besoins et savons dans quelles situations notre produit a le plus d’impact. Ces enseignements nous ont aidés à structurer de manière précise notre stratégie de déploiement. Nous savons désormais vers quels types de structures et d’usagers orienter nos efforts pour maximiser l’impact de notre produit.
Avez-vous communiqué sur votre mesure d’impact ?
Actuellement, nous sommes dans une phase de recherche de nouveaux cofinancements pour le lancement à plus grande échelle. Les résultats de la mesure d’impact sont donc principalement utilisés pour cette étape.
Pour l’instant, nous n’avons pas encore communiqué au grand public. Comme nous ne sommes pas encore entrés dans la phase active de déploiement et d’acquisition, cela n’aurait pas été particulièrement pertinent.
En revanche, nous avons partagé ces résultats avec les structures qui avaient participé à l’enquête. Leur retour a été très positif : elles étaient ravies de constater que leurs efforts pour collecter des données avaient été utiles et de découvrir les conclusions tirées de cette démarche. Cela a renforcé notre lien avec elles et a valorisé leur implication dans le projet.
Quels sont vos prochains défis ?
À partir de fin octobre, nous entrons pleinement dans la phase de déploiement et d’acquisition. Notre objectif pour 2024-2025 est ambitieux : tripler le nombre de carnets distribués par rapport à l’année précédente.
De manière plus large, au sein de la Plateforme de l’inclusion, notre ambition est de développer la mesure d’impact sur d’autres services et dans l’ensemble de l’écosystème de l’insertion. Cela nous permettrait d’obtenir des points de comparaison et d’enrichir l’analyse et l’interprétation de nos résultats.
Par exemple, il y a la Communauté de l’inclusion, un espace d’entraide entre professionnels de l’inclusion pour améliorer les pratiques d’accompagnement.
Il y a aussi Dora, une plateforme qui permet d’identifier les services d’insertion les plus adaptés et d’orienter les bénéficiaires vers la solution identifiée. Ces outils pourraient également être intégrés dans nos réflexions pour enrichir la mesure d’impact et maximiser les synergies dans l’écosystème de l’inclusion.
Que vous a donc apporté la mesure d'impact ?
Ce qui ressort vraiment de cette démarche, c’est la rigueur et la méthode qui renforcent notre légitimité lorsque nous expliquons l’impact de notre produit. Avoir une méthode structurée, claire et reproductible est un atout majeur.
Aujourd’hui, tout ce que nous avons appris au cours de cette mesure d’impact pourra être réutilisé l’année prochaine pour réaliser une nouvelle évaluation. C’est l’un des grands avantages de travailler avec Impact Track : rien n’est entièrement externalisé, ce qui nous permet de monter en compétences tout au long du processus.
Cela demande du temps et un réel intérêt pour le sujet, mais les bénéfices sont considérables. Nous disposons désormais d’outils et de méthodes que nous pouvons appliquer sur la durée pour continuer à faire évoluer notre projet de manière pertinente et fondée sur des données solides.
Avez-vous un conseil, un mot inspirant pour les porteurs de projet qui hésitent à se lancer dans une démarche de mesure d’impact ?
Sans cette évaluation, nos financeurs auraient cessé de nous soutenir. C'était donc crucial pour assurer la pérennité du projet. Elle nous a permis de mieux comprendre notre produit et son impact, et de justifier l'utilisation des fonds publics. Cela fait aussi partie de nos méthodes de travail. Loin d'être ressentie comme du "flicage", cette démarche a été très enrichissante et nous a apporté de précieux enseignements.
Pour aller plus loin
👉 Découvrez la mesure d'impact du projet Mon Récap !
👉 Lisez notre précédent article de notre série #PartageTonImpact sur Osons Ici et Maintenant
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