Osons Ici et Maintenant : Lauréat d'Entreprends ton Avenir, l'association renforce son expertise en mesure d'impact

Interview

Lauréat du programme Entr&prends ton Avenir de la Fondation Entreprendre, l’association Osons Ici et Maintenant a reçu les clés pour continuer de monter en compétences sur la mesure d’impact. Soizic Lenoir revient dans notre interview sur cette démarche apprenante qui permet de faire évoluer l’association dans ses modes d’action, son organisation interne et son essaimage.

Pouvez-vous nous présenter le projet ?

Osons Ici et Maintenant est une association fondée le 2 décembre 2014, il y a presque dix ans. Notre mission est de susciter des déclics chez les jeunes, de les amener à des prises de conscience qui les aideront à définir un projet de vie porteur de sens et aligné avec les enjeux actuels, qu'ils soient sociétaux ou environnementaux. Nous souhaitons ainsi que les jeunes deviennent des acteurs engagés et contributeurs dans leurs communautés.

Pour atteindre cet objectif, nous avons mis en place des programmes destinés aux jeunes de 16 à 25 ans. Nous proposons deux formats : La Fabrik à Déclik, un programme court, de trois jours, qui vise à inspirer les jeunes et à les pousser à l’introspection ; Le programme Katapult, un parcours de neuf mois qui permet aux jeunes de définir de manière précise leur projet de vie et de bâtir un véritable plan d’action pour le futur.

Nous accompagnons chaque année environ 500 jeunes au sein des Fabrik à Déclik et une centaine de jeunes dans le programme Katapult sur 5 régions - Bretagne, Pays de la Loire, Auvergne-Rhône-Alpes, Nouvelle-Aquitaine, et Guyane.

Quel a été le déclic pour vous lancer dans une démarche mesure d’impact social ?

En 2019, nous avons répondu à un important appel à projets du ministère du Travail dans le cadre du Plan d’Investissement dans les Compétences (PIC). Cet appel à projets exigeait une évaluation rigoureuse de l’impact de nos actions, un domaine dans lequel nous manquions d’expérience. Nous avons donc collaboré avec une agence d’innovation sociale, Ellyx, chargée de mesurer l’impact de notre travail et de mener des recherches pour envisager des changements systémiques plus larges. Nous avons rapidement réalisé que ce travail de mesure d’impact serait extrêmement enrichissant pour notre équipe et qu’il était pertinent de le développer au sein même de l’association, au-delà de ce projet spécifique.

Nous avons créé une petite cellule dédiée à la mesure d’impact et avons commencé à travailler sur notre propre théorie du changement. Ce processus s’est fait collectivement, lors de séminaires et de séances de travail en présentiel et à distance. Nous avons élaboré une théorie du changement en trois étapes, que nous avons surnommées les « trois étages de la fusée » :

  1. Changer d’état d’esprit : Ce premier étage consiste à renforcer la confiance en soi, la motivation et la prise de conscience du potentiel de chacun. Nous aidons les jeunes à trouver un élan personnel et à développer une vision optimiste de leur avenir.
  2. Développer des compétences transversales : Le deuxième étage de la fusée vise à enseigner des compétences essentielles, souvent appelées « soft skills » ou compétences du 21e siècle. Nous abordons des thématiques telles que la coopération, la communication, l’audace et la créativité, des compétences que les jeunes n’acquièrent pas nécessairement dans le cadre scolaire mais qui sont pourtant cruciales pour leur évolution, tant professionnelle que personnelle.
  3. Changer de situation : Ce dernier étage représente un changement tangible dans la vie des jeunes. Nous espérons les voir repartir avec un projet de vie aligné sur leurs valeurs et, pour certains, un retour vers la formation ou l’emploi après un décrochage.

Ces trois étapes sont aujourd’hui au cœur de notre approche pédagogique, et elles influencent la structure de nos programmes. Elles nous ont amenés à revoir ce que nous appelons notre « ruban pédagogique », c’est-à-dire l’ensemble des éléments éducatifs que nous voulons transmettre. En veillant à ce que nos actions répondent à ces objectifs, nous nous assurons que chaque jeune prend conscience de son parcours et des compétences qu’il a développées tout au long de nos programmes.

Puis je me suis formée à la mesure d’impact via le programme Size Up d’Antropia Essec. En résumé, nous avons couvert tous les aspects de la mesure d’impact, allant de la bonne définition de notre théorie du changement jusqu’à nos indicateurs, en passant par la manière de collecter les données, comment les utiliser et les valoriser, aussi bien en interne qu’à l’externe.

Et puis vous avez intégré le programme Entreprends ton avenir de la Fondation Entreprendre…

Quand on est devenus lauréats de la Fondation Entreprendre, on savait que la mesure d'impact serait un enjeu crucial. On travaillait plutôt avec des outils basiques, comme la suite Office, Google Forms, et ensuite on faisait des analyses manuelles. Mais avec l’appui de la Fondation, on s’est dit que c’était une super opportunité pour tester Impact Track sur deux de nos programmes, l’un en Bretagne et l’autre dans la Drôme. Ensuite, l’idée était de réfléchir à ce que cela pourrait signifier pour nous et comment on pourrait l’étendre à d’autres projets.

Après un an d’utilisation, je vois vraiment ce que cela a généré. Il faut aussi savoir qu'au cours de cette année, j’ai mené deux mesures d’impact en parallèle. D’un côté, celle avec la Fondation Entreprendre pour ces deux projets, et de l’autre, celle de mes autres programmes Katapult que je continue à évaluer avec mes outils habituels. J’ai donc deux mesures d’impact qui avancent côte à côte.

Le programme nous a aussi permis de travailler avec les autres lauréats et de réfléchir à des indicateurs communs. Je me suis dit que ce serait vraiment chouette de pouvoir me comparer aux autres. J’ai hâte de voir ce que cela va révéler, notamment dans les domaines où nos résultats ne seraient pas aussi bons. Cela permettrait de comprendre ce que les autres font mieux, d’analyser et d’apprendre ce qui fonctionne bien chez eux et moins bien chez nous.

Cela nous permettrait d’avoir des réflexions communes, d’autant plus que nous partageons un public similaire et des ambitions proches. Cependant, on emprunte des chemins différents pour atteindre nos objectifs, car nos programmes ne sont pas exactement les mêmes. Je pense que cela pourrait même nous amener à réfléchir à des alliances futures et à continuer à travailler ensemble de manière plus étroite.

Quels enseignements tirez-vous de vos premiers résultats de mesure d’impact ?

Je pense que tu affines et peaufines ta mesure d’impact progressivement. Par exemple, cela m’a fait réaliser que nous ne faisons pas de mesure d’impact avec les jeunes qui quittent nos programmes, que ce soit pour de bonnes raisons — parce qu’ils ont trouvé une formation ou un emploi — ou parce que le programme ne leur convenait pas du tout. Ces jeunes-là, on ne les interroge jamais, et c’est un angle mort dans notre évaluation.

On a aussi mis en place une newsletter interne le lundi matin pour bien lancer la semaine. On choisit des éléments qui valorisent l’équipe et mettent en avant ce qui fonctionne bien.

Ensuite, je collabore beaucoup avec ma collègue responsable du plan de formation et des aspects pédagogiques. Par exemple, s’il y a des résultats moins bons pour certaines promotions, cela nous alerte sur des besoins de montée en compétences ou d’ajustement dans le contenu pédagogique. Nous nous assurons que l’équipe est bien équipée et à l’aise avec les outils et le contenu proposés.

Cela nous amène donc à travailler sur trois axes principaux :

  • Le plan de formation et la montée en compétences des équipes.
  • La révision du contenu pédagogique à destination des jeunes.
  • Enfin, l’utilisation de ces données pour la communication externe, notamment avec les partenaires.

D'ailleurs, nous avons obtenu plusieurs partenariats grâce à la mise en avant de notre démarche de mesure d’impact. Pour de nombreux partenaires, surtout les fondations privées, c'est un élément clé. Ils sont très attachés à ce type de démarche, et certains partenariats ont été conclus parce qu'on a montré notre engagement dans cette mesure d'impact. Nous avons donc tout intérêt à continuer à l’améliorer et à la perfectionner.

Quels sont vos prochains défis ?

Un retour qui nous est souvent fait, et qui représente un véritable enjeu, est qu’il faudrait des mesures d’impact à plus long terme, sur un an, deux ans voire trois ans. Aujourd’hui, nos mesures se concentrent sur des retours à court terme, comme à trois mois. Mais pour vraiment prouver l’efficacité de nos programmes, il est important de savoir si l’impact est durable. Cela demande un suivi approfondi des jeunes, parfois sur plusieurs années, pour voir si ce qu’ils ont appris est intégré dans leur parcours de vie.

Ce suivi à long terme nécessite énormément de temps et d'efforts, notamment pour relancer les jeunes régulièrement. Cela implique d’avoir une personne dédiée à ce travail, presque à plein temps, ce que nous n’avons pas encore les moyens de faire. Mais je pense que c’est un objectif important, car c’est ainsi que nous pourrons réellement prouver que nos programmes fonctionnent.

Avez-vous un mot inspirant pour les structures qui hésitent à se lancer dans ce type de démarche ?

La mesure d’impact nourrit tout le monde et fait grandir l’ensemble de l’équipe. Elle valorise le travail des équipes sur le terrain, ce qui est essentiel pour les motiver, les fidéliser et renforcer leur engagement. Ensuite, ça change notre rapport avec nos financeurs, car on peut leur montrer des résultats concrets. Enfin, cela structure notre envie de partager, de dupliquer et de transmettre nos pratiques, sans forcément chercher à grandir en taille.

Les gens se demandent parfois pourquoi on partagerait nos méthodes. La réponse est simple : parce que ça marche. Et lorsqu’ils demandent pourquoi ça fonctionne, on peut leur montrer des chiffres, des retours concrets qui illustrent l’impact de nos actions. Cela nous aide à structurer notre offre de formation et notre stratégie d'essaimage, que nous souhaitons développer auprès d'autres acteurs de la jeunesse ou des collectivités publiques.

Il y a donc une dimension importante de changement à plus grande échelle qui se profile grâce à cette approche.

Pour aller plus loin

👉 Découvrez la mesure d'impact du programme Katapult !

👉 Lisez notre précédent article de notre série #PartageTonImpact sur la mesure d'impact direct du Groupe Apicil

Vous souhaitez en savoir plus sur notre solution ? C'est par ici… Ou prenez rendez-vous directement avec nous !